Analyse par Madjid Benchikh, ancien Doyen de la Faculté de droit d’Alger.

En appliquant l’article 102, les maîtres du système rejettent les aspirations du peuple de manière aventureuse.

 

Il était prévisible que les détenteurs du pouvoir n’allaient se ranger derrière les revendications populaires qu’avec des discours vagues et inconsistants. Dans la réalité et conformément à leurs anciennes pratiques, ils usent de tous les moyens et de toutes les ressources du pays pour se maintenir au pouvoir et sauvegarder leur système.

L’application de l’article 102 et la désignation de Bensalah comme chef de l’Etat est une décision d’une gravité exceptionnelle qui aura des conséquences lourdes sur la lutte de notre peuple pour une transition démocratique et pour mettre fin au système politique installé au lendemain de l’indépendance du pays. Cette application montre clairement que les décideurs n’épousent les revendications populaires qu’en paroles. Ils montrent du même coup qu’ils sont surtout soucieux de leurs pouvoirs et de leurs intérêts personnels. Perdant le sens de l’intérêt national, aveuglés par des conceptions de l’Etat clairement rejetées par l’écrasante majorité des algériennes et des algériens, ils sont dans l’incapacité de tirer les leçons de la magnifique mobilisation populaire. Ils mettent ce faisant les populations en dangers.

Devant une telle situation, on doit appeler à la continuation de la lutte et au maintien de la mobilisation sectorielle en semaine, générale et nationale le vendredi. Plus que jamais la mobilisation doit rester pacifique et éviter les provocations. La provocation de l’article 102 comme celles de la répression … Seule la mobilisation pacifique, discutée, partagée, avec des mots d’ordre clairs et intelligents permettra d’aboutir à la dissolution de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Conseil constitutionnel et au renvoi du gouvernement Bedoui, nommé par Bouteflika…

Madjid Benchikh, ancien Doyen de la Faculté de droit d’Alger.